Il arrive que je cherche des modèles occasionnellement pour un participer à un projet. C’est en répondant à une de mes demandes sur les réseaux sociaux qu’Anne a pris contact avec moi. Elle avait une idée de photo et cherchait un photographe pour faire aboutir son projet.
Quand elle est venue me proposer de travailler la matière (l’argile) dans différents états sur la peau, son projet m’a vraiment intéressé. Passer de l’argile sèche, faire des images avec cette matière poussiéreuse, à une argile de plus en plus pâteuse, presque liquide et montrer l’évolution à chaque stade sur son corps.
Parmi les premières questions auxquelles il fallait répondre pour rendre cette idée concrète, il y avait :
Comment éclairer le corps, la matière, le tout en action ?
Où prévoir la séance photo ? Entre la poussière et l’eau, mon studio et son parquet n’étaient clairement pas le lieu idéal.
Le lieu est la réponse qui a été la moins facile à apporter.
En tant que photographe, je travaille en premier lieu avec la lumière, elle est au centre de tout pour moi. C’est elle qui va montrer, mettre en valeur, souligner. Ce sera une seule et grande source pour ce projet. Une lumière en douche ou sur le côté pour laisser une grande liberté aux mouvements.
Nous nous sommes mis en recherche d’un lieu qui pouvait accueillir la séance photo et l’argile sous toutes ses formes.
C’est à l’atelier d’Emi, artisan métallier à Brignais, que se déroule la première séance photo.
D’abord des projections de l’argile sèche dont le mouvement est figé par la lumière. Une pleine poignée dans chaque main, Anne laisse s’envoler la matière entre ses doigts et dessine des formes. Nous multiplions les lancers, les formes, les gestes et les images. L’argile se dépose progressivement sur sa peau et finit par en changer la couleur.
La seconde étape fut de commencer à humidifier l’argile déposée sur la peau et d’observer la transformation de l’argile.
La troisième et dernière étape consiste à mélanger l’argile à l’eau pour faire une pâte qu’Anne va s’appliquer sur la peau et qu’elle va laisser sécher.
Au cours de cette séance photo en atelier nous avons rapidement atteint une limite technique : l’amplitude des mouvements et surtout des projections d’argile qui dessinent des formes dépassent le fond studio noir que j’ai utilisé. On voit apparaitre l’environnement de l’atelier sur la photo et ça ne colle pas.
Nous souhaitons avoir des mouvements et des projections les plus larges possible, une liberté de mouvement totale. Pour cela, nous avons besoin d’un espace suffisamment vaste qui rendra inutile l’utilisation d’un fond. Seuls les éléments présents dans la lumière seront visibles. Cette contrainte m’est apparue dès les premières reflexions sur ce projet, malheureusement, les lieux spacieux capables d’accueillir ce type de séance photo sont rares et pas forcément accessibles.
Alors nous nous sommes tournés vers un lieu en extérieur pour une seconde séance. J’ai un éclairage sur batteries et donc transportable partout, je n’ai aucune contrainte de ce côté. Il nous fallait un lieu facilement accessible en voiture, relativement à l’abris des regards où les flashs resteraient discrets. Et il nous fallait également une météo clémente de mois de juin et la faible lumière d’une fin de journée.
Un pré fraichement fauché a accueilli notre seconde séance photo